LI CHEVALIER

LI CHEVALIER

Le Figaro portrait li Chevalier

Li Chevalier, peintre trait d’union

SUCCÈS  En visite en Chine, Manuel Valls a pu découvrir les œuvres de cette artiste franco-chinoise exposées dans les salons de l’ambassade de France, à Pékin. 

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Peu d’hôtes de prestige, sans doute, ont perçu le clin d’œil ironique que leur envoie la monumentale peinture. Actrices célestes et dignitaires chinois, ministres et écrivains français, tous ont défilé sous son regard, dans le salon de la nouvelle ambassade de France de Pékin. Pour y être honorés, décorés, pour célébrer les liens entre la grande Chine et sa vieille amie France. L’œuvre sous laquelle sont montés les pupitres officiels a un nom, Symphonie du destin. Un paysage fuyant, qui pourrait être un désert de sable ou une plaine enneigée. Et des silhouettes qui semblent aspirées par l’horizon, la ligne de l’au-delà. Voilà qui ressemble à une magistrale représentation de la brièveté de la vie et de la vanité des choses.

 

 

La peinture de deux mètres sur trois est l’œuvre de Li Chevalier. Un deuxième tableau de l’artiste, Aspiration, trône dans le même salon de réception de la résidence française. Une consécration, à côté des œuvres de deux grands maîtres au parcours franco-chinois, Zao Wou-Ki et Chu Teh-Chun. Le choix est esthétique. Il est aussi symbolique. Comme le dit son nom qui emprunte aux deux mondes, Li Chevalier est un pont entre les deux cultures.

 

L’histoire est d’autant plus belle qu’elle a commencé sous une sombre lumière. Nous sommes en 1976 et la Révolution culturelle a plongé la Chine sous dix années de plomb. Mao va mourir, mais une jeune adolescente pékinoise paie le prix de ses folies passées. L’université a été supprimée, l’éducation est un champ de bataille. Alors, pour ceux qui veulent malgré tout tenter de s’instruire et s’élever, il n’y a qu’un horizon, l’armée. Y compris dans le domaine des arts. Le grand opéra est militaire, le meilleur des studios de cinéma aussi. La jeune Li a été repérée dans son lycée, par des sergents recruteurs chargés de grossir les rangs des chœurs de l’Armée populaire de libération. La voilà embrigadée, pour cinq ans.

 

 

Le dessin pour s’évader 

 

La musicienne ne rêve que de faire des gammes, elle devra faire ses classes. Trois mois dans une caserne de la province du Hebei, à apprendre à tirer au fusil et lancer des grenades. « À soigner les cochons et planter le riz, aussi, rappelle-t-elle aujourd’hui en riant. L’armée chinoise d’alors devait être autosuffisante… » Li rejoint la troupe de l’opéra de l’armée, où l’on n’interprète que les huit œuvres autorisées par Madame Mao… « J’étais jeune, mais cela ne m’a pas empêchée de réaliser que nous ne servions que la propagande, raconte-t-elle aujourd’hui, dans son appartement du Marais décoré avec goût. J’ai vite étouffé. Je n’étais pas très sage et les conflits avec mes chefs se multipliaient… » Le dessin, déjà, lui permet de s’évader. Elle passe son temps à faire de petits croquis des personnages des opéras.

 

Li demande à être démobilisée. Elle ne rêve que du large et veut prendre sa revanche. « En 1978, après la fin de la Révolution culturelle, l’université avait été rétablie et j’avais raté cela. » Elle travaille comme une forcenée, pour entrer à l’Institut d’échanges et d’économie internationale. « Je n’avais aucune passion pour l’économie, s’amuse-t-elle, mais cette école était le meilleur débouché vers l’étranger. Je cherchais par tous les moyens à m’ouvrir, sortir. » Elle rencontre alors un jeune Français, fou de Chine et aujourd’hui cadre chez Total. Il l’emmène à Paris.

 

L’ancienne soldate se retrouve sur les bancs de Sciences Po. « D’où je venais, j’avais une intime curiosité, sur le rôle du souverain et la légitimité d’un pouvoir, explique-t-elle. J’ai découvert le fonctionnement d’une démocratie, d’un État de droit .» Le choc est rude et parfois à fronts renversés, comme lorsqu’elle poursuit des études de 3 e cycle en philosophie politique à Paris-I-Sorbonne. Une professeur, militante affichée d’extrême gauche, la prend à partie devant la classe. « Que venez-vous chercher en France ? Le meilleur est certainement chez vous… » lance l’enseignante, avec la clairvoyance que l’on connaît à de larges pans de cette génération… « J’étais tellement choquée que je suis sortie en claquant la porte et en pleurant », se souvient Li. La jeune Chinoise a éclairé son passé, son parcours artistique peut commencer. Elle intègre plusieurs écoles d’art, à Florence ou Paris. Puis le Central Saint Martins College of Art & Design de Londres.

 

Une œuvre naît, originale, se démarquant d’un art contemporain chinois souvent très uniformisé et standardisé. Sur les toiles de Li Chevalier, on ne trouvera pas de créatures grimaçantes et outrancières. Son obsession du Beau lui fait rejeter le« nihilisme esthétique » souvent de bon ton dans les ateliers de Pékin. « Depuis vingt-cinq ans, l’art contemporain chinois se résume trop souvent à des produits dérivés du dadaïsme, du pop art américain et du surréalisme européen, estime-t-elle.Dans tout cela, qu’y a-t-il de chinois ? » Li se défend d’appuyer une culture chinoise étriquée, mais est persuadée qu’une esthétique orientale a encore sa place. Pour cela, elle revisite avec l’encre et le pinceau un art millénaire souvent confiné à la tradition. Avec d’autres artistes chinois, elle nourrit un mouvement pictural, celui de « l’Encre expérimentale ».

L’artiste se partage aujourd’hui entre ses deux ateliers, à Pékin et à Paris. Sans choisir entre les deux mondes, mais en associant la plastique orientale au souci de l’homme qui est au cœur de la tradition occidentale. À la recherche, toujours, de la beauté perdue.

 

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Toile de Zao Wuki et de li Chevalier au salon de la reception de l'Ambassade de France en Chine 

 

 

 

 

 

 

 





31/01/2015
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