LI CHEVALIER

LI CHEVALIER

Si l'Enfance ...

 

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Tout comme Stephane Bern, Katherine Pancol, Inès de la Fressange, Marc Levy ou bien encore Alain Chabat... Tout juste après la belle Viktor Lazlo, c’est autour de la magnifique artiste Li Chevalier de nous emmener dans le monde de l’enfance. Un « Si l’enfance » précieux et fort que cette artiste généreuse nous offre sur Potins Enfantins. Une grande et belle artiste : Li Chevalier

 

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Le blog d'information sur les secteurs culturels pour enfants ... à l'attention des parents !

 

Si l'enfance... Li Chevalier sur Potins Enfantins !

Si l'enfance... Il y a maintenant dix ans, l’auteur illustrateur Jiang Hong Chen livrait un très beau récit autobiographique à l’école des loisirs, Mao et moi. Un livre magnifiquement illustré et permettant aux lecteurs, jeunes et moins jeunes, de se plonger dans une période historique, celle du «Grand Timonier » Mao.
Tout comme Jiang Hong Chen, Li Chevalier passe son enfance dans l’ombre de Mao... Depuis, la belle Li est devenue l’une de nos plus grandes artistes contemporaines. Artiste peintre, plasticienne contemporaine, Li Chevalier est née à Beijing. Une enfance particulière rythmée donc par le culte de Mao mais qui, malgré ses rituels, l' éveillera aussi à l’art … L’enfance est un passage. Heureuse ou non, elle reste le ciment fondateur d'une vie. Pourtant, quoi que l’on fasse, elle est là, attendant le moment propice pour se réveiller, nous rappeler à elle. Le temps, il en est souvent question dans son oeuvre. Un temps capturé par l'artiste mais qui, pour l’œil attentif, se fait aussi fuyant. Un instant éphémère qui se pose sur la toile tout en exprimant le soin, par son mouvement, de vouloir s’échapper. Cette approche se reflète aussi dans la personnalité de l'artiste. Élevée dans un modèle culturel standard, effaçant de fait les particularités de chacun, Li Chevalier trace son chemin tout en veillant à ce qu'il soit le moins possible réglementé de règles pesantes. Son travail sur l’encre célèbre par son mouvement une liberté essentielle à ses yeux. Comme tous les grands artistes, Li questionne à travers son œuvre. Portée par la culture chinoise et celle de l’occident, elle revendique cette part multiple. Celle qui étudia l’art, à l’Institut des Beaux-Arts de Florence, comme la philosophie politique, à l’Institut d’études politiques et l’université Panthéon-Sorbonne, crée en questionnant, imagine en s'interrogeant. Son imagination traduit ses émotions, sa technicité la manière rationnelle de la retranscrire. Des forces contraires qui l'animent, éléments contraires qui pourtant sont intimement rattachés l'un à l'autre. Dans ses oeuvres, le noir y côtoie le blanc et de fait convie le gris. Des couleurs tourmentées, sombres, fortes, qui permettent à intéressée de se délester pour offrir à ses interlocuteurs, la luminosité de son sourire.
Portée par sa passion de la musique, elle célèbre dans ses oeuvres les instruments. Un autre symbole de liberté pour celle qui voyage à travers le monde, faisant de ces pays des terrains de découverte, de partage. Le partage, c'est ce poignant, précieux et délicat "Si l'enfance" qu'elle a la gentillesse de vous confier chers lecteurs de Potins Enfantins, et ceci malgré un emploi du temps très chargé. Merci Li.

Pour découvrir l'univers de Li Chevalier www.lichevalier.com htts://www.instagram.com/lichevalier/ htts://twitter.com/lichevalier

 

Pour vous, si l’enfance est ou était :

UN PARFUM

" L'odeur de fumée dégagée des poêles à charbon qui chauffaient chaque pièce de la maison de ma grand mère située dans une de ces anciennes cours carrées qui faisaient tout le charme de Pékin. Dans cette ville au climat continental, à hiver glacial, où les habitations traditionnelles en cours carrées n’ont pas de chauffage central, l’air était saturé de cette odeur de charbon brûlé. Les familles et les voisins se retrouvent souvent autour de ces poêles pour se réchauffer les mains et les pieds gelés, respirant ce parfum souvent mêlé de l'odeur de patates douces dorées sur leur bordure métallique.

 

" UN OBJET "

Le petit foulard de pionnière rouge. Un beau matin en 1969 à l'école à Pékin, au garde à vous, j'ai commencé avec fierté l'éloge quotidien du Président Mao devant son portrait suspendu au-dessus du tableau noir. D’une voix forte je déclamais en premier, la classe me suivait. Soudain un élève en retard se précipita vers son siège et tomba à quatre pattes sous mes yeux…. Je ne pus retenir un éclat de rire, spontané, sans réfléchir à combien ce manque de respect à notre grand leader allait me coûter. Le chant s'arrêta, je fus sévèrement critiquée… Le lendemain, arrivant à l'école , je vis une foule devant le tableau. Me rapprochant, je distinguai une lettre de critique déployée sur le tableau, un dazibao anonyme. Ma maîtresse me conseilla froidement de lire cette lettre à haute voix, … La conclusion de cette lettre signifiait l'annonce d'une sanction: suspension d'admission au rang de jeune pionnier rouge pour un trimestre. Ce petit foulard rouge, signe de bonne réussite scolaire et de bonne conduite m'était promis et m'avait donc été soudain retiré pour un éclat de rire.

" UN LIEU "

La grande muraille et l'immensité des montagnes sur lesquelles elle serpente.

 

" UN SOUVENIR "

La disparition soudaine de ma maitresse de musique à l'école primaire. Mlle Chen, accusée d'un rapport amoureuse illicite avec mon maître de Chinois, M. Chao, tous deux célibataires, tous deux m'adoraient et que j'adorais. Ce fut la fin des cours de chants que Mlle Chen me prodiguait régulièrement après l'école en toute gratuité. Sous les regards accusateurs de tous, le visage de M. Chao s’attristait. Un jour, il m'a demandé: Tu aimes beaucoup ta maîtresse de musique n'est ce pas ?..... J'ai oublié les noms de familles de la majorité de mes maîtres et maîtresses de l'école primaire. Le leur est resté gravé dans ma mémoire. L'amour et le désir s’imposaient désormais à moi comme synonymes de terreur et de culpabilité.

" UNE GOURMANDISE "

Les cous de canard et les têtes de lapin apportés par des vendeurs de rue. Chaque fois que j'entendais leurs voix résonner au loin, je courais dans la rue comme tous les enfants pour les guetter.

 

" UN LIVRE "

Le petit livre rouge de Mao. Un livre obligatoire à la maison et dans nos déplacements. Ma grand-mère m'a cousu une petite sacoche en bandoulière pour que je puisse le porter toujours sur l'épaule. On peut oublier les cahiers d'écoliers mais on ne peut pas oublier ce petit livre rouge. Nous passions beaucoup de temps à réciter par coeur des paragraphes de ce livre souvent sans les comprendre.

 

"UNE MELODIE "

Celle du "Le soleil se lève à l'est", un chant consacré à Mao que je récitais tous les matins, ensemble avec les voisins regroupés au centre de la cour carrée de mes grands parents.

 

" UNE COULEUR "

Verdâtre militaire [ou kaki]. Les habits d'une coupe élégante ou les robes traditionnelles colorées et soyeuses portaient en eux le soupçon d'une sensibilité de riche et de bourgeois à combattre à tout prix. La Chine toute entière chercha à se procurer par tous les moyens les uniformes de l'armée de couleur verdâtre, une couleur devenue un symbole fort. Se vêtir de l'uniforme de l'armée, verdâtre, signifiait une confession pour ceux dont on avait soupçonné les origines, donc une conversion vers la "lumière révolutionnaire", ils dévoilaient pour d'autres une conviction idéologique fièrement affirmée. Les parents, les maîtres d'école, les hommes et femmes de tous les âges portaient ces habits de cette couleur. A l'âge de 15 ans, je suis montée dans un camion de l'armée pour porter durant 5 ans sans interruption cet uniforme couleur verdâtre admiré par tous, de la casquette aux chaussures et même jusqu'aux chaussettes assorties.

" UN RÊVE "

Me voir à la place de ces héroïnes de l'Opéra de Pékin. Chanter, chanter tous les jours sur scène.

" QUELQUES MOTS sur l'enfance : "

Sentiment de lourdeur, d'abandon, de conflit et menace qui pèsent et qui me dépassent. Insurmontable sensation d'angoisse qui se répète et persiste... (c)

Potins Enfantins/Pierre Sinanian. sept 18 Tags : Li Chevalier, Chine, art Pierre Sinanian



15/09/2018
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